Miranda Kerr, Lady Gaga: pourquoi elles posent nues

Les stars s’effeuillent en une des magazines et sur Instagram. Vraie mise à nu ou tendance marketing?

Elles sont toutes à poils! Les tops, les stars… En une des magazines, sur les réseaux sociaux. « Sans doute sommes-nous dans une sur-sexualisation de notre société où l’on aime choquer et où le nu se banalise », explique Michèle Freud, psychothérapeute, auteure de Réconcilier l’âme et le corps (éditions Albin Michel).

Choquer, le nouveau mot d’ordre ? « Pour une star, quelle qu’elle soit, se montrer nu est un moyen de faire parler de soi, de faire carrière en quelque sorte, le corps dénudé semble dans ce contexte le vecteur de communication idéal, une vraie stratégie marketing ». Dont acte avec Miranda Kerr dont la photo en couverture du Harper’s Bazaar a déjà repoussé les frontières bien au-delà de l’Australie où elle est publiée. Mais si cet effeuillage intégral embrase la toile, nous n’avons finalement rien inventé depuis le magazine américain Playboy, lancé en 1953 par Hugh Hefner, ou encore le mensuel Lui de Daniel Filipacchi et Franck Ténot, en kiosque dès 1963, qui fait en cette fin d’année la part belle au nu dans un calendrier 2016 d’anthologie avec « Les douze plus belles filles du monde » dont Lara Stone, Isabeli Fontana, Jourdan Dunn…

Drôle de renversement de situation. C’est cette même presse qui faisait autrefois son beurre de ces corps offerts aux regards qui entame un rétropédalage. Fini depuis 2012 les seins nus de la « Bild Girl » en couverture du quotidien allemand. Bye bye les unes dévêtues de Play Boy dès mars prochain… Seul à résister, le quotidien britannique The Sun qui, après avoir retiré durant quelques semaines la photo tous seins dehors d’illustres inconnues de sa page 3, a renoncé au projet face au tollé déclenché.

Et s’il s’agissait d’une détox vestimentaire ? D’une envie de se livrer dans sa plus simple expression, dans le plus simple appareil. Sans faux-semblants. Doux rêve. « Un corps nu est émouvant. Il y a une sorte de franchise dans la nudité. Quand je suis nue dans La belle noiseuse ou en couverture de Elle, il n’y a rien de provocant. Je ne me suis jamais déshabillée avec n’importe qui. Avec Jacques Rivette et Sylvie Lancrenon, je l’ai fait en toute confiance, sans jamais penser aux conséquences. Une forme d’abandon des habits, à ce moment-là, comme s’ils n’étaient plus nécessaires », confiait Emmanuelle Béart, à Marie-Claire, en 2014. Se mettre à nu n’est jamais un acte anodin. « Cela met en jeu notre image de nous-mêmes et notre manière de vivre le regard de l’autre. Certains disent dépasser leurs complexes en se montrant nus… grâce au regard des autres », explique Michèle Freud.

Mais ne nous y trompons pas, trop de nu tue le nu. Jamais une star n’est plus éloignée de nous que lorsqu’elle s’offre sans artifice. « A vouloir se déshabiller, les stars ont trouvé la meilleure façon de cacher leur moi profond. Comme si elles étaient totalement dissociées de leur moi intime, comme s’il s’agissait d’une identité d’emprunt », poursuit la spécialiste. Lors de la diffusion du téléfilm A dix minutes des naturistes, en 2012, la comédienne Macha Méril qui s’était dénudée à 72 ans confiait à Téléstar : « Je suis très à l’aise avec mon corps (…). C’était un pari culotté (Rires.) Je l’ai pris comme un devoir de comédienne. On prête son corps et son visage, autant le faire totalement ».

Une mise à nu bien encadrée où les stars gardent leur part de mystère. Mais n’est-ce pas leur essence première ? Rester inaccessibles pour mieux nous aider à garder la tête dans les étoiles…

Par Virginie Picat avec Emilie Cuisset et Charlotte Mesnel