Un artisan sur deux a été exposé durant sa vie professionnelle à une substance nocive cancérigène, l’amiante. Tels sont les premiers résultats alarmants du programme “Espri“ (Epidémiologie et surveillance des professions indépendantes), coordonné par l’Institut de veille sanitaire (InVS) en partenariat avec le Régime social des indépendants (RSI).
Initié en septembre 2005, ce programme a pour but d’identifier les artisans ayant été exposés à l’amiante durant leur carrière professionnelle, les conditions d’exposition et de leur proposer le cas échéant un bilan d’exposition et un suivi médical.
La phase pilote de ce programme incluait 2 334 artisans retraités en 2004 (88 % d’hommes) des régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes. Pour chacun d’eux, la carrière professionnelle a été reconstituée, ce qui a permis d’analyser la probabilité individuelle d’avoir été exposé professionnellement à l’amiante. Un bilan médical sans avance de frais a pu ainsi être proposé aux personnes pour lesquelles une exposition à l’amiante était dépistée.
La participation au programme a été massive, puisque 67 % des artisans contactés ont renvoyé leur questionnaire. Résultat : plus de 1 000 d’entre eux ont été considérés par les experts comme ayant subi une exposition à l’amiante justifiant de réaliser un bilan médical. Au moins une anomalie ou pathologie, bénignes pour la plupart, pouvant être liée à l’amiante a été retrouvée chez un quart des personnes qui ont effectué ce bilan. L’ensemble des données recueillies a permis d’estimer qu’environ un artisan retraité du RSI sur deux a été exposé à l’amiante au cours de sa carrière professionnelle, pendant 25 années en moyenne.
En France, l’exposition professionnelle passée à l’amiante reste un problème de santé publique majeur et la population des artisans est particulièrement concernée. Au vu des premiers résultats du programme Espri, l’InVS a recommandé la généralisation du dispositif à l’ensemble des nouveaux retraités du RSI. Alors que le programme se poursuit dans les régions pilotes, son extension débutera en 2008 dans les régions Haute et Basse Normandie, Nord-Pas-de-Calais et Picardie.
Selon le rapport d’activité du Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (FIVA), un montant total de 1,43 milliards d’euros a été versé aux victimes. Les quatre régions les plus touchées (Nord-Pas-de-Calais, Haute et Basse Normandie et Pays de la Loire) recouvrent 55 % des demandes d’indemnisation. On compte jusqu’à aujourd’hui 41 737 dossiers de demandes d’indemnisation depuis 2002. Selon l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante, 3 000 décès lui serait imputable chaque année.Source : Communiqué de l’InVS du 10 septembre 2007